[infox] La Lune « bleue », mais qu'est-ce que ça peut bien être

La Lune n'est jamais bleue. Au pire peut-elle être rougeâtre quand elle se lève, se couche ou s'éclipse. Sinon, elle présente un dégradé de gris. D'où la question du titre : pourquoi bleue, et quand ?

La nature de ce dégradé de gris est à présent connue : un sol de poudre (régolite) résultant du bombardement du sol lunaire par le vent solaire pour le gris clair, et des épanchements de lave plus sombres pour les taches gris foncé baptisées « mers » par les Anciens. De bleu, point. Même sur Terre les roches bleues contenant souvent des oxydes de cuivre, sont rares.

La diversité des roches lunaires pour n'être pas nulle, est beaucoup plus pauvre et leurs couleurs peu variées... Mais la question n'est pas là, puisque la Lune n'est jamais bleue !

Il faut savoir que l'expression « Lune bleue », étrange au demeurant, n'a rien à voir avec la couleur de l'astre. Elle prétend désigner (notez la précaution oratoire), la deuxième Pleine Lune dans le même mois. Rien de plus.

Cela demande bien sûr un petit surcroît d'explication : le rythme des Pleines Lunes (le cycle des phases lunaires) durant environ 29 jours et demi, c'est-à-dire un peu moins d'un mois, il faut s'attendre à ce que certains mois voient deux Pleines Lunes. Par exemple, si la Pleine Lune tombe le premier d'un mois de trente jours, la Pleine Lune suivante tombera le trente du même mois ; pour les mois de trente et un jours, la première PL peut même tomber le 2, la suivante tombera alors le 31. Or, c'est cette seconde Pleine Lune du mois qui est qualifiée de « bleue » par... Eh bien, par les astrologues, ces poètes.

D'autres versions de cette fantasmagorie affirment que la Lune bleue est la treizième Pleine Lune de l'année, celle-ci en comportant habituellement douze. Cette version a le mérite de sortir de l'arbitraire du calendrier pour comparer deux périodes astronomiques : la révolution lunaire et la révolution terrestre, qui ne sont évidemment pas multiple l'une de l'autre.

Notons quand même que lorsqu'une année comporte treize Pleines Lunes, alors forcément, la Pleine Lune surnuméraire sera la deuxième dans son mois... Une confusion qui renforce le ridicule de cette affaire.

Dans les langues (et le français ne fait pas exception, bien au contraire), les métaphores colorées ne sont d'ailleurs pas rares, comme si l'usage de certains termes désignant les couleurs pouvaient être détourné pour dire autre chose. Ainsi du rhinocéros « blanc » par exemple, qui est tout sauf blanc mais bel et bien sauvage (wild et non white ; ici l'erreur vient de l'anglais). Ou des « enfants indigo », qualificatif utilisé par certains amateurs d'ésotérisme pour parler des enfants différents, voire handicapés. En français les non grévistes sont appelés « jaunes », les avocats indélicats « marrons »... Et la seconde Pleine Lune du mois, « bleue ».

On comprend immédiatement que ce phénomène n'en est pas un et n'est dû qu'au calendrier que la société s'est choisi avec ses mois de trente et trente et un jours. Eussions-nous mis en place des mois de quatre semaines, somme toute plus « logiques », personne ne parlerait de Lune bleue. Pour faire court, cette expression ne dit rien de la Lune, mais parle seulement de nous-mêmes.

Vu son origine astrologique, peut-on vraiment s'en étonner ?

Toujours est-il que voir l'expression « Lune bleue » ou « super Lune » (la Pleine Lune au plus près de la Terre, encore une formule astrologique) côtoyer des notions aussi sérieuses que celle d'éclipse comme en janvier 2018, peut irriter  en donnant l'impression d'un mélange de genres privé de sens, voire une tentative de mystification. Au sens « propre ».

 

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